Célébrez le puerh à Lyon, le 31 octobre

[Xavier]

Des derniers moments de plaisir partagé :

[Sébastien]

eh ben !

[Fabien]

Voilà une bonne soirée dites-donc. Content que Xavier ait pu en profiter avec vous après cette fourbe attaque de microbes de jeudi. Et encore déçu de ne pas avoir pu être des vôtres.
Bah, on trouvera bien une nouvelle excuse pour réunir lyonnais, vaudo-genevois et hauts-savoyards autour de quelques thés ou de quelques théières...
En tout cas belles photos Xavier, comme d'hab.

[Niva]

Que ne donnerais-je pour être lyonnaise !

[raluca]

Quelles magnifiques photos! ( et comme elle rend bien ma nappe sur les photos, je suis siii contente )
Nous avons aussi passé environ 6 h à boire du thé et à discuter à bâtons rompus au milieu des livres. Super ambiance, le fait d'étre en petit comité a apporté beaucoup de fluidité dans les échanges. Je ferai un "récit" plus détaillé un peu plus tard, dès que je peux me poser un peu.

[JMB]

Déçu de vous avoir quittés si tôt.

Et pour les photos. Alors là, je suis bluffé. Vraiment de très belles images.

[Irène]

Belles photos en effet
Quelle richesse que ces rencontres autour du thé

[ooericoo]

Super moment passé hier
J'essayerais aussi de faire un petit compte rendu.
Je vois que Xavier à fait de très très belles photos
C'est vraiment toujours hyper enrichissant se genre de rencontre.

[William]

Merci à ooerico, JMB, raluca et Xavier pour cet après-midi très enrichissant. C'était un plaisir de partager ces quelques thés avec vous, je serai très heureux de refaire une dégustation quand Yubai sera là.

Je vous souhaite de bons thés à tous!

[Xavier]

Merci à toi William !

Non seulement tu nous a fait goûter de très bons pu'er, mais en plus, j'ai appris plein de choses grâce à la manière dont s'est déroulée la dégustation. On a commencé par goûter les thés sans les nommer, en parler librement avant de finalement en apprendre plus sur leur provenances et leurs particularités.
Cette démarche était
Mais j'arrête là la description de ce que nous avons fait, car :

Je ferai un "récit" plus détaillé un peu plus tard, dès que je peux me poser un peu.

Hé hé, c'est chouette de laisser le travail délicat aux autres

[raluca]

voilà pour la postérité les impressions que j'ai essayé de rassembler pour donner une idée de notre rencontre. aucun d'entre nous n'a pris des notes, nous avons été entièrement absorbés par nos discussions. ça serait donc sympa de compléter avec des anecdotes ou avec des infos qui ont particulièrement marqué les esprits:-)


Peu de jours avant la rencontre, les Lyonnais ont enfin quelques infos quant à l’heure de démarrage de l’évènement. Je préviens Linh, mais c’était déjà trop tard pour lui, il avait prévu des choses. Une excellente nouvelle arrive le lendemain pour compenser cette déception : Xavier fera l’aller-retour depuis Genève en affrontant la SNCF qui fait tout pour vous décourager à prendre le train sur ce trajet : mauvaises cadences, mauvais service.

Le jour J, je me débrouille pour arriver en retard à notre réunion fixée pour 13 :30, mais ce n’est pas grave : JMB a les clés et lui aura encore plus de retard ! Une belle journée d’automne rend agréable cette attente sur la placette qui surplombe la ville (la vue depuis les pentes de la Croix Rousse est superbe) et je fais connaissance du jeune homme qui est en train de finir ses études d’agronomie et qui travaille déjà dans le monde du thé puerh. Un monde où les cueilleurs sont des femmes et les amateurs (les acheteurs) sont généralement des hommes. Notre petit nombre fait ressortir les différences : ceux qui ressentent l’énergie du thé et ceux qui ne la ressentent pas, ceux qui aiment le shu (à la folie) et ceux qui n’aiment pas, ceux qui ont connu les débuts du seul salon de thé traditionnel chinois à Genève à l’époque où William venait de naitre et ceux qui, il y a trois ans à peine, ne savaient pas ce que c’était le puerh ou le thé nature.

L’homme-clé qui nous a invité dans ce centre de recherche arrive avec la clé et on s’installe. Nous avons décidé à l’avance d’utiliser des simples gaiwans et des simples tasses pour se concentrer sur les feuilles et la dégustation en elle-même et ne pas se laisser distraire par le nouvel achat de chez tel potier. Pour une fois, notre réunion a ressemblé plus à une dégustation qu’à un vernissage.

En attendant Xavier, nous nous sommes mis d’accord sur le thé « d’ouverture » et sur le fait de faire des dégustations comparatives à l’aveugle : on prépare des thés en parallèle, on analyse, on discute et après William nous dévoile leur identité. On commence donc par un thé blanc de Thaïlande (Thai Silver Needles printemps 2015), léger et rafraichissant mais avec une phase de séchage pas maîtrisée, qui a conduit à une oxydation des feuilles. Les feuilles humides avaient donc une odeur semblable aux darjeeling FF. Xavier arrive vers 14h passées et, après la phase de présentation, a droit à une dernière infusion de thé blanc. Nous passons aux choses sérieuses.

Notre première comparaison de puerh vise à essayer d’estimer l’âge (les feuilles étant quand même assez vertes, de dire si c’était la récolte de l’année ou un peu plus) et si il y avait des similitudes entre les deux ou pas. Malgré la liqueur jaune clair qui nous fait parier pour une récolte de 2015, c’était quand même la récolte du printemps 2014. Éric penchait pour un puerh d’automne pour l’un d’entre eux, car c’était assez doux. William nous a fait remarquer que l’endurance et la saison de récolte était corrélées, les puerh d’automne s’épuisent beaucoup plus vite. JMB a vu juste : le caractère proche des puerh vient du fait que les feuilles proviennent des jardins situés à une dizaine de km l’un de l’autre, car c’était un puerh de Jingmai et un de Mangjing. C’est à ce moment que nous avons parlé de la querelle historique entre les Bulang et les Daï sur qui a été le « méchant envahisseur ». Les scientifiques penchent plutôt sur l’ethnie Bulang comme la plus ancienne sur place, malgré le fait que les Daï (ils font partie du groupe linguistique thaï) sont ceux qui ont souvent eu le pouvoir politique et qui présentent donc l’histoire de la manière qui leur est la plus favorable.

Petite pause goûter avec de la brioche et des chaussons aux pommes amenés de Suisse par Xavier.

Nous reprenons notre dur travail d’apprenti dégustateur avec deux puerh de Thaïlande, résultat des recherches de William. Les agriculteurs en Thaïlande font traditionnellement un thé fermenté qu’on mâche (les douaniers diraient qu’on chique) et qui n’est plus au gout du jour, c’est le cas de le dire. Comme un des projets de William est d’aider au développement agricole en trouvant de nouveaux débouchés à ces agriculteurs qui possèdent des jardins avec des théiers anciens, il est donc en train de leur apprendre à faire du puerh. La liqueur était plus foncée, on a pensé donc que c’était deux récoltes plus anciennes. Faux : la liqueur jaune brillant provenait d’une récolte de printemps 2015. A l’aide de William, nous avons aussi fait le lien entre la couleur rouge de la tige et de la nervure centrale de la feuille comme signe d’un sha qing trop poussé par rapport à l’autre thé qui, au contraire, avait subi un sha qing trop faible. Les fils de discussion autour de la table font des tours et des détours : on parle de la façon dont les paysans fixent le prix des feuilles après la cueillette, les différents facteurs (outre le prestiges de certains jardins comme Lao Banzhang ou Gua Feng Zhai) qui entrent en considération, dont la météo (quand il fait beau, le prix de vente sera plus élevé car les conditions de séchage seront bonnes, alors que quand il fait mauvais et il y a risque de pluie, les paysans compensent le risque d’avoir des mauvaises conditions de séchage des feuilles par un prix plus bas) ; des marchés en gros de thé comme à Kunming et comment on peut trouver du « bon » thé dans un environnement « attrape-touriste » ou « attrape-nigaud » de passage ; de la façon de boire le thé, en se concentrant sur la dégustation ou tout en faisant autre chose….On apprend à la fin de cette troisième série de thés que nous avons eu deux récoltes thaï de printemps 2015 : une du village Wawee (théiers d’environ une centaine d’années et là aussi on a discuté de la véracité des allégations genre « arbres millénaires ») et l’autre du village Baan Kaew (théiers de 40-50 ans, mais des jardins « naturels » où les mauvaises herbes sont coupées à la machette, mais on n’utilise ni insecticide ni engrais chimiques). Je dois reconnaitre que de tous les thés goutés, les récoltes thaïlandaises m’ont très peu marquée et j’en garde un souvenir gustatif très évanescent.

Là, JMB doit nous quitter et il nous montre comment fermer la bibliothèque.

On quitte les récoltes jeunes et on change à la fois de région et d’année. Deux puerh dont les feuilles sont quand même encore bien vertes et la liqueur vire légèrement vers l’orangé. Mais il y a encore beaucoup de force, d’amertume et d’astringence. Les messieurs commencent à parler « effets de gorge », mais c’est dur à décrire et encore plus à percevoir. L’effet « kiss cool », la fraicheur mentholée et/ou fleurie qui reste dans la bouche fait plus l’unanimité. Le hui gan (que je ramène à mon niveau de perception comme une certaine fraicheur dans la gorge) me restera inconnue. On dit que les feuilles sont une récolte de printemps …. moins récente que la précedente (nous sommes joueurs, mais nous ne prenons pas beaucoup de risques). Il y a une rondeur boisée très plaisante. Alors ? Eh bien, nous avons testé des puerh de Yiwu dont une galette faite à partir de feuilles de….plantation ! On trouve cette galette sur le site Bannacha sous le nom de « Aged Yiwu 2005 », elle a déjà 10 ans, dont 5 ans de stockage sec à Kunming et 5 en Provence. C’était ma préférée. L’autre, « Mahei Old Trees », une galette de 2011, faite à partir de feuilles d’arbres anciens, stockée plus humide à Canton pendant un an et ensuite amenée en France. Paradoxalement, même si c’est des vieux arbres, je trouve moins de complexité que dans la galette de plantation. C’est juste mon avis.

William nous parle à la fois en homme qui a passé du temps sur le terrain et en ingénieur agronome qui cherche des moyens à améliorer le rendement sans nuire (trop) à la qualité. Ce n’est pas non plus un ardent défenseur du « natural farming », car il n’est pas du tout dans une logique décroissante. Il faut beaucoup de savoir-faire pour faire de la haute qualité qui sera, certes, vendue plus cher, mais il faut penser aux paysans qui doivent aussi avoir des moyens de vivre pendant toute cette période de transition. Enfin, il y un compromis à trouver entre rendement, qualité, préservation de l’environnement et développement économique des communautés locales.
Nous finissons sur un thé façonné comme un darjeeling second flush (semi oxydé donc) et nous continuons à débattre de la classification des thés : par familles (thé blanc, thé vert, thé wulong, thé rouge) ou par type de manufacture : vert, oxydé, semi-oxydé, totalement oxydé…

Pris dans nos discussions, on ne se rend pas du tout compte du temps qui passe. Xavier doit faire attention à ne pas rater le dernier train du soir pour Genève et on commence à ranger. Pendant ce temps, on parle encore de thé et je propose à William de lui faire gouter du thé noir du Yunnan et le Kung Fu Puerh( puerh manufacturé en dan cong) d’Akira Hojo. Enfin, cette bien agréable après-midi passée à boire et à discuter du thé nous confirme encore à quel point ces rencontres IRL sont importantes et complémentaires avec le forum.

EDIT: milles merci à William qui nous a gracieusement fait goûter ses thés et nous a régalé avec plein d'échantillons!!

[Akala]

Ça avait vraiment l'air top cet aprem/soirée !

Pour le duo Aged Yiwu/Mahei, c'est marrant je préfère le Mahei bien qu'elle soit plus jeune (alors que 2005 tombe pile dans ma zone de confort en terme d'âge pour les puerhs), mais les deux sont très bons

A charge de revanche pour une prochaine si elle a lieu en tout cas !

[raluca]

:top: Ça avait vraiment l'air top cet aprem/soirée !

ah oui, c'était vraiment extraordinaire cette facilité des échanges alors qu'il y avait des personnes que je voyais pour la première ou la deuxième fois (mais il faut dire que la rencontre à Genève a été aussi très chaleureuse)!

A charge de revanche pour une prochaine si elle a lieu en tout cas !

mouais, j'ai rien contre, mais où sont donc les filles dans ce monde cruel et phallocratique d'amateurs de puerh????

[Akala]

Faut quand même admettre : c'est plutôt une boisson d'hommes

[David]

magnifique compte-rendu qui fait bien envie !