Céramique Kyo-Yaki, la famille Eiraku et les maîtres Eiraku

Niva
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Céramique Kyo-Yaki, la famille Eiraku et les maîtres Eiraku

Message par Niva » 14 Septembre 2015, 15:18

Grâce au travail de traduction de Niva, voici la version française d'un petit topic posté dans la partie "In english" ce qui facilitera la compréhension pour ceux qui ne connaissent pas la "Langue de Shakespeare". Merci à elle !


Un historique rapide des maîtres qui se sont succédé à la tête de la famille Eiraku :

- Eiraku Zengoro
L’un des Senke Jissoku ("10 artisans de la maison de Sen"). Comme artiste potier, il faisait des "Doburo" (littéralement "brasier en argile"). Son nom de famille initial était Nishimoto.

- Le premier Sozen de la lignée Nishimoto (? – 1558)
Il a vécu à Nishikyo, Yamato-koku (aujourd’hui, dans la préfecture de Nara) et a créé des poteries pour le sanctuaire de Kasuga à Nara. Takeno Jo-ou, un riche marchand de Sakai, Osaka, lui a demandé de créer un "Doburo", qui fut appelé Nara Buro.

- Le troisième Sozen ( ? – 1623)
Il a suivi Rikyu et a vécu à Kyoto. Il a ouvert une boutique dans Shinmachi Kamidachiuri, comme le lui avait conseillé Hosokawa Sansai. Kobori Enshu lui a accordé un sceau de bronze de Kanzen, et ce sceau de Kanzen a toujours été utilisé par les neuf générations suivantes. On dit que le cinquième Sosen ( ? – 1697) fut le premier à accepter des commandes de la famille Sen. Dans la famille Eiraku, on trouve un livre sur les Furo avec une note de Koshin, le quatrième maître de l’école Omotesenke.

- Sixième génération : Sotei ( ? – 1714)
On dit qu’il reste des Doburo ("brasier en argile") créés par Sotei. Un Doburo a été créé pour Kakukakusai, le sixième maître de thé de l’école Omotesenke. Il servait spécialement à placer au sommet un Darumado Gama ("pot de fer en forme de cube avec des inscriptions Darumado gravées"). En plus du travail principal sur les Furo (brasero) et du fer/bronze, la famille a commencé à fabriquer de la poterie à partir de Ryozen, le dixième maître de poterie. Un sceau "Eiraku" fut accordé à Hozen, le onzième maître, et au cours de l’ère de Wazen, le douzième maître, le nom de famille fut changé en Eiraku, qui reste toujours en usage de nos jours.

- Dixième génération : Ryozen (1770 – 1841)
Ryozen s’est émancipé de ses parents relativement jeune, a perdu sa maison dans l’incendie de Tenmei, puis a été adopté par la famille Sen. A l’âge adulte, Ryozen a rejoint Ryonyu, le neuvième maître de la famille Raku, et a appris la poterie. Il a non seulement créé des Doburo ("brasier en argile"), mais a aussi travaillé dans des styles comme Kouchi Utsushi ("réplique de la technique de peinture des trois couleurs Kouchi") et An’nan Utsushi ("réplique de la technique de peinture An’nan"). En 1817, le caractère "Ryo" lui a été accordé par Ryoryosai, le neuvième maître de thé de l’école Omotesenke ("la principale famille Sen"), et il a pris le nom de Ryozen. En 1828, un sceau Eiraku fut accordé à son fils adoptif Zengoro (plus tard devenu Hozen, le onzième maître). Ryozen a également modifié son nom de famille en Eiraku. Les créations les plus célèbres de Ryozen incluent "Nejinuki Mizusashi" ("pot à eau avec motif en spirale") de la tradition Omotesenke, et "Kodo Utsushi Shakutate" ("Shaku en bronze ou porte-louche à l’ancienne"), de la tradition Urasenke. On trouve aussi "Tanba-yaki Fune Hana-ire" ("vase en forme de bateau de style Tanba") de la tradition de la famille Mushakoji-Sen. Ryoryosai, le neuvième maître de thé, appréciait particulièrement le "Shiyu Hou’ou Furo" de Ryozen ("brasero pourpre avec un dessin de phénix").

- Onzième génération : Hozen (1795 – 1854)
Hozen était le fils adoptif de Ryozen, le dixième maître. On l’appelait tout d’abord Zengoro, puis il a changé son nom en Zen’ichiro. Plus tard, il a modifié son nom de famille en Eiraku. Hozen était un génie de la poterie. Il a appris des techniques de la famille Iwakurayama de Awataguchi, et aussi de Sanbai, un artisan potier. En 1827, lorsque le maître de thé Kyukosai Sosa fut invité par Tokugawa Harutomi de Kishu ("province de Kii"), Hozen se joignit à lui. Là, des sceaux d’or lui furent accordés : "Kahin Shiryu" et "Eiraku". A partir de 1844, Hozen a utilisé "Zen’ichiro" comme signature. On lui a également accordé le titre "Tokinken", et plus tard un sceau de la famille Takatsukasa. A partir de 1848, il a pris le nom de Hozen. Ses plus belles œuvres datent de la période où il utilisait la signature "Zen’ichiro". Il était très doué pour la peinture, en particulier dans le style détaillé Shonzui Utsushi (réplique).

- Douzième génération : Wazen (1823 – 1896)
Son prénom initial était Sentaro, plus connu comme Zengoro. Il était le fils aîné de Hozen, le onzième maître. En 1825, Wazen a rebâti le vieux four de Nonomura Ninsei à Omuro, Kyoto. Utilisant le sceau "Omuro", de 1864 à 1865, il a fabriqué des poteries avec son beau-frère Sozaburo, qui est devenu plus tard Kaizen, le treizième maître. En 1872, il a déménagé à Mikawa Okazaki (aujourd’hui dans la région de Aichi) et a ouvert son propre four. La poterie fabriquée à cet endroit fut appelée "Okazaki Eiraku". Vers 1882, Wazen est retourné à Kyoto. Dans le quartier Kodaiji Washio-cho, il a ouvert le four Kikutani. L’habileté de Wazen en "Kin’rande" ("poterie peinte à l’or") était supérieure à celle de Hozen.

- Treizième génération : Kaizen et Kyokuzen
Dans la lignée de la famille Eiraku, Sozaburo, le beau-frère de Wazen (douzième maître), et Nishiyama Tosuke, qui a servi Hozen et Wazen, comptent tous deux comme les treizièmes maîtres. Kaizen Sozaburo (1834 – 1876) était le deuxième fils du peintre Sano Chokan. En 1874, Kaizen a été adopté par la famille Eiraku, et a d’abord été appelé Zenjiro. Il fabriquait des poteries au four Ninsei à Omuro et utilisait le sceau "Saien". En 1849, il a succédé à Wazen. Plus tard, toutefois, il a établi une nouvelle branche de la famille et a pris le nom de Nishimura Sozaburo.

- Quatorzième génération : Tokuzen (1853 – 1909) et Myozen
Son nom initial était Jojiro, souvent appelé Zengoro et/ou Tokuzen. Il était le fils aîné de Wazen, le douzième maître. En 1872, à l’âge de 19 ans, il a succédé à Wazen en tant que chef de famille. Ses œuvres étaient dynamiques et pleines de puissance. Il était particulièrement doué pour le "Gosu Akae" ("poterie aux motifs déliés avec du rouge comme pigment principal"). Sa femme Yu (1852 – 1927) a pris le nom de Myozen. Après la mort de Tokuzen, elle lui a succédé dans le business familial et a travaillé pendant 19 ans. Elle nous a laissé de très élégantes pièces.

- Quinzième génération : Shozen (1880 – 1932)
Il était le neveu de Tokuzen, le quatorzième maître. Son vrai nom était Yamamoto Harujiro. A l’âge de 18 ans, il a rejoint la famille Eiraku et a appris les techniques de poterie de Tokuzen. Après la mort de Tokuzen, avec l’aide de Myozen, Shozen a travaillé pour le business familial. A la mort de Myozen en 1927, il lui a succédé comme quinzième maître. Il est toutefois décédé 5 ans après cette succession. Son style était doux, et il a pris lui-même le nom de "Inzen".

- Seizième génération : Sokuzen (1917 – 1998)
Sokuzen était le fils aîné de Shozen, le quinzième maître. Il était l’héritier adoptif de Myozen. En 1935, il lui a succédé en tant que seizième maître à l’âge de 18 ans. Pour respecter la volonté de Shozen, il a construit le four Shiroyama à Oiso Besso, possédé par la famille Mitsui. Avec Daikaku, le quatorzième maître de la famille Raku, il a fabriqué de nombreuses poteries pour le thé destinées à la famille Sanzen, qui a guidé l’âge d’or de la société du thé après la Deuxième Guerre Mondiale. Sokuzen a reçu le prix "Bunka Korosha" de la ville de Kyoto et le prix "Bunka Tokubetsu Koroo" de la préfecture de Kyoto. Ces prix sont attribués aux personnalités du monde de la culture. Son œuvre la plus célèbre est une série de poteries basée sur les 54 cahiers du "Dit de Genji" présentées en 1958.

- Dix-septième génération : le maître actuel (1994 – aujourd’hui)
Il est le fils aîné de Sokuzen, le seizième maître. Son nom est Koichi. En 1988, il a succédé à Zengoro.
Proverbe touareg :
"Le premier verre de thé est amer comme la vie.
Le deuxième est aussi doux que l’amour.
Le troisième est aussi apaisant que la mort."

Tsubo
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Re: Céramique Kyo-Yaki, la famille Eiraku et les maîtres Eir

Message par Tsubo » 04 Octobre 2015, 13:38

Quelques précisions :

"Gosu Akae" ("poterie aux motifs déliés avec du rouge comme pigment principal") : ces motifs déliés sont des successions de lignes.

Furo: brasero de grande taille pour la cérémonie du thé et Doburo, brasero de petite taille, autre nom pour Ryoro.

Enfin, une grande partie des informations que nous avons sur cette famille est partiellement "légendaire" et de toute façon très lacunaire.

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Re: Céramique Kyo-Yaki, la famille Eiraku et les maîtres Eir

Message par Tsubo » 04 Octobre 2015, 13:46

Pour illustrer un peu la chose :

œuvres de Shozen (1880 – 1932) - quinzième génération

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15.jpg
16.jpg


et le sceau typique des Eiraku des dernières générations :

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Tsubo
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Re: Céramique Kyo-Yaki, la famille Eiraku et les maîtres Eir

Message par Tsubo » 04 Octobre 2015, 13:49

Œuvres de Sokuzen (1917 – 1998) - Seizième génération

1.jpg


toujours le même sceau

2.jpg


4.jpg
6.jpg
5.jpg


66.jpg

Kissaki
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Re: Céramique Kyo-Yaki, la famille Eiraku et les maîtres Eir

Message par Kissaki » 04 Octobre 2015, 17:30

Merci pour le boulot de trad'!

De très belles choses par ici également. Pas forcément de mon goût mais on sent la maîtrise :)




Étienne
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Re: Céramique Kyo-Yaki, la famille Eiraku et les maîtres Eir

Message par Étienne » 04 Octobre 2015, 17:39

Merci à vous deux pour le taf' !

Tsubo
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Re: Céramique Kyo-Yaki, la famille Eiraku et les maîtres Eir

Message par Tsubo » 04 Octobre 2015, 18:42

01.JPG

Eiraku Zengoro XVI a surtout travaillé la porcelaine et les émaux peints, mais il a aussi produit quelques céramiques de type Raku, des calligraphies, des laques, ..., c'est bien sûr un potier accompli, mais la principale caractéristique de la famille Eiraku, c'est sa maîtrise du décor / de la peinture aux émaux car, à l'origine ( et c'est ce qui a fait leur renommée originelle ), ce sont avant tout des peintres-décorateurs.