BlaBla
- JMB
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Re: BlaBla
@Kyara
Si vous ne le saviez pas, cette année le festival Lumière, à Lyon, récompensait Wong Kar-Wai pour l'ensemble de son œuvre, comme on dit. La master class avit lieu dans ce vieux théâtre des Célestins, en plein cœur de la presqu'île. Théâtre à l'ancienne, balcons, piliers.... mais bon, ça allait.
Les places sont parties en à peine 5 minutes lors de leur mise à disposition sur Internet. Ma fille a pu en prendre deux et nous avons bien fait. A notre arrivée, il y avait une queue pas possible pour celles et ceux qui espéraient récupérer une place de dernière minute.
La discussion a duré plus une bonne heure et demi et WKW répondait aux questions de Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière et du festival de Cannes.
WKW parle un anglais très compréhensibles. Mais il partait dans des tunnels de 10 minutes et laissait la parole ensuite à la traductrice qui, sans aucune note, arrivait à tout traduire : elle a été applaudie pour cela. C'est une traductrice qu'on a vu lors des cérémonies à Cannes, quelqu'un qui en plus connaît le sujet.
Les premières questions étaient dédiées à la démarche qui a fait de WKW, enfant qui venait de Chine et dont les parents étaient partis bosser à Hong Kong, le cinéaste qu'il est aujourd'hui. Sa mère allait tous les jours au cinoche, voir tous les films américains, asiatiques, européens... qui passaient. Elle amenait son petit bambin (pas de télé, pas de jeux vidéos... à cette époque, que la radio et le cinoche pour les mômes) qui s'est dit qu'un jour c'est ce qu'il ferait.
Il a profité de la nouvelle vague hongkongaise et est arrivé à ce qu'il est aujourd'hui.
A l'époque, tous les films hongkongais se tournaient en studio. Et lui, il a bouleversé tout cela.
Il a parlé aussi de Bruce Lee et des films de Kung Fu et du fait que Bruce Lee a été connu en Chine après l'avoir été ailleurs dans le monde.
Finir un film:
Frémaux l'a gentiment bâché sur le fait qu'il avait du mal à finir ses films et que les copies arrivaient au dernier moment.
A Cannes, une année, on a dû intervertir la séance de Clean (O. Assayas, très bon film d'ailleurs) parce que la copie du film (2046 ou In the Mood for love, je n'ai plus le souvenir) n'était pas arrivée. Elle est arrivée ua dernier moment, les pellicules dans plusieurs avions. Et ils ont passé les pellicules les unes après les autres dans deux salles : une pour les professionnels et l'autre pour le gala !
WKW avoue qu'il a dû mal a terminer un film et remercie Cannes car sans cela, ses films ne se finiraient jamais !
Sur les acteurs :
Les acteurs et actrices ne bossent pas pour eux, mais pour le film, c'est ce qu'il est arrivé à faire. Par contre, les acteurs aujourd'hui sont sur plusieurs films à la fois, ce qui fait qu'aujourd'hui ils seront sur un film et demain sur un autre, d'où une certaine uniformisation du jeu qui va à l'encontre de ce qu'il souhaite.
Trois phases de la réalisation d'un film :
- l'écriture
- le tournage
- la post prod (le montage).
A la question de Frémaux sur ce qu'il préfère, il a plusieurs réponses:
1 - le truc qu'il aime le moins c'est l'écriture, car il faut être tout seul et livrer un truc fini
2 - en fait, son truc est de tout mélanger : écrire quand il tourne, voire quand il monte... et retourner des bouts de films, ou remonter différemment les choses.
3 - sur le montage : il est surpris quand il discute avec des cinéastes américains, par exemple, qui sont en post-prod pendant 6 mois. Chez lui, les producteurs (en fait les distributeurs et les investisseurs, car il est son propre producteur) sont en colère si on dépasse les 15 jours ! il exagérait sans doute, mais à peine.
Il a cité une anecdote avec Maggie Cheung (il n'a pas dit le film, mais je suppose qu'il voulait parler de Chungking Express) : il s'est rendu compte que son interprétation d'une scène n'était pas à son goût, et il a par contre gardé cette scène en enlevant le texte car il trouvait que Maggie disait tout au travers de ses mouvements. Pour cela que je penche pour Chungking Express. Qui l'a vu se rend compte que Maggie Cheung, une chanteuse de variétés de profession, a une sacré présence... mais ne joue pas très bien.
La rétrocession
Plus on approchait de 1997, plus les gens lui demandaient s'il allait faire un film sur cette rétrocession. Pour lui, ça l'a fait tellement chier, qu'il a fait un film ("Happy Together") qui se passe... en Argentine !
Grand master
En Argentine justement, pendant que son chef opérateur installait sa caméra dans la gare, WKW se baladait et, dans un kiosque à journaux, a vu une affichette sur Bruce Lee. Un Bruce Lee qui, à l'époque était déjà mort depuis 20 ans. Et là, il s'est dit : "mais comment ce Bruce Lee a-t-il appris à se battre : c'est un film sur son professeur que je veux faire". Ce film, il l'a tourné en 2013 ! Mais ceux qui le suivaient savaient qu'il était en cours depuis quelques années. En fait depuis 1997!
Christopher Doyle avec lequel il a fait tous ces films, sauf le dernier, était là et lui a posé des questions. C'est un britannique très marrant qui montrait WKW en disant à longueur de phrase "this fucker...." mais qui lui a fait une quasi déclaration d'amour à la fin (et je crois que c'est lui qui a dit que WKW arrivait à faire en sorte que les acteurs ne bossent pas pour eux mais pour le film). Un interlude sympa, et la traductrice, en souriant a traduit "ce charmant homme, ou cet homme délicieux" !
Il continuera à faire des films comme il les fait parce que c'est ce qu'il aime et qu'on lui donne les moyens de le faire. Il n'a pas précisé sur quoi il voulait bosser. Ce sera la surprise.
Mais c'est sûr que c’est un sacré bonhomme et je vous invite à voir TOUS ces films. Vous serez surpris par ce cinéaste hors du commun, sensible et attachant.
Bref, une après-midi comme on en aimerait en avoir plus souvent avec quelqu'un qui a su faire partager son amour du cinéma, sans forfanterie, sans grosse tête.
Si vous ne le saviez pas, cette année le festival Lumière, à Lyon, récompensait Wong Kar-Wai pour l'ensemble de son œuvre, comme on dit. La master class avit lieu dans ce vieux théâtre des Célestins, en plein cœur de la presqu'île. Théâtre à l'ancienne, balcons, piliers.... mais bon, ça allait.
Les places sont parties en à peine 5 minutes lors de leur mise à disposition sur Internet. Ma fille a pu en prendre deux et nous avons bien fait. A notre arrivée, il y avait une queue pas possible pour celles et ceux qui espéraient récupérer une place de dernière minute.
La discussion a duré plus une bonne heure et demi et WKW répondait aux questions de Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière et du festival de Cannes.
WKW parle un anglais très compréhensibles. Mais il partait dans des tunnels de 10 minutes et laissait la parole ensuite à la traductrice qui, sans aucune note, arrivait à tout traduire : elle a été applaudie pour cela. C'est une traductrice qu'on a vu lors des cérémonies à Cannes, quelqu'un qui en plus connaît le sujet.
Les premières questions étaient dédiées à la démarche qui a fait de WKW, enfant qui venait de Chine et dont les parents étaient partis bosser à Hong Kong, le cinéaste qu'il est aujourd'hui. Sa mère allait tous les jours au cinoche, voir tous les films américains, asiatiques, européens... qui passaient. Elle amenait son petit bambin (pas de télé, pas de jeux vidéos... à cette époque, que la radio et le cinoche pour les mômes) qui s'est dit qu'un jour c'est ce qu'il ferait.
Il a profité de la nouvelle vague hongkongaise et est arrivé à ce qu'il est aujourd'hui.
A l'époque, tous les films hongkongais se tournaient en studio. Et lui, il a bouleversé tout cela.
Il a parlé aussi de Bruce Lee et des films de Kung Fu et du fait que Bruce Lee a été connu en Chine après l'avoir été ailleurs dans le monde.
Finir un film:
Frémaux l'a gentiment bâché sur le fait qu'il avait du mal à finir ses films et que les copies arrivaient au dernier moment.
A Cannes, une année, on a dû intervertir la séance de Clean (O. Assayas, très bon film d'ailleurs) parce que la copie du film (2046 ou In the Mood for love, je n'ai plus le souvenir) n'était pas arrivée. Elle est arrivée ua dernier moment, les pellicules dans plusieurs avions. Et ils ont passé les pellicules les unes après les autres dans deux salles : une pour les professionnels et l'autre pour le gala !
WKW avoue qu'il a dû mal a terminer un film et remercie Cannes car sans cela, ses films ne se finiraient jamais !
Sur les acteurs :
Les acteurs et actrices ne bossent pas pour eux, mais pour le film, c'est ce qu'il est arrivé à faire. Par contre, les acteurs aujourd'hui sont sur plusieurs films à la fois, ce qui fait qu'aujourd'hui ils seront sur un film et demain sur un autre, d'où une certaine uniformisation du jeu qui va à l'encontre de ce qu'il souhaite.
Trois phases de la réalisation d'un film :
- l'écriture
- le tournage
- la post prod (le montage).
A la question de Frémaux sur ce qu'il préfère, il a plusieurs réponses:
1 - le truc qu'il aime le moins c'est l'écriture, car il faut être tout seul et livrer un truc fini
2 - en fait, son truc est de tout mélanger : écrire quand il tourne, voire quand il monte... et retourner des bouts de films, ou remonter différemment les choses.
3 - sur le montage : il est surpris quand il discute avec des cinéastes américains, par exemple, qui sont en post-prod pendant 6 mois. Chez lui, les producteurs (en fait les distributeurs et les investisseurs, car il est son propre producteur) sont en colère si on dépasse les 15 jours ! il exagérait sans doute, mais à peine.
Il a cité une anecdote avec Maggie Cheung (il n'a pas dit le film, mais je suppose qu'il voulait parler de Chungking Express) : il s'est rendu compte que son interprétation d'une scène n'était pas à son goût, et il a par contre gardé cette scène en enlevant le texte car il trouvait que Maggie disait tout au travers de ses mouvements. Pour cela que je penche pour Chungking Express. Qui l'a vu se rend compte que Maggie Cheung, une chanteuse de variétés de profession, a une sacré présence... mais ne joue pas très bien.
La rétrocession
Plus on approchait de 1997, plus les gens lui demandaient s'il allait faire un film sur cette rétrocession. Pour lui, ça l'a fait tellement chier, qu'il a fait un film ("Happy Together") qui se passe... en Argentine !
Grand master
En Argentine justement, pendant que son chef opérateur installait sa caméra dans la gare, WKW se baladait et, dans un kiosque à journaux, a vu une affichette sur Bruce Lee. Un Bruce Lee qui, à l'époque était déjà mort depuis 20 ans. Et là, il s'est dit : "mais comment ce Bruce Lee a-t-il appris à se battre : c'est un film sur son professeur que je veux faire". Ce film, il l'a tourné en 2013 ! Mais ceux qui le suivaient savaient qu'il était en cours depuis quelques années. En fait depuis 1997!
Christopher Doyle avec lequel il a fait tous ces films, sauf le dernier, était là et lui a posé des questions. C'est un britannique très marrant qui montrait WKW en disant à longueur de phrase "this fucker...." mais qui lui a fait une quasi déclaration d'amour à la fin (et je crois que c'est lui qui a dit que WKW arrivait à faire en sorte que les acteurs ne bossent pas pour eux mais pour le film). Un interlude sympa, et la traductrice, en souriant a traduit "ce charmant homme, ou cet homme délicieux" !
Il continuera à faire des films comme il les fait parce que c'est ce qu'il aime et qu'on lui donne les moyens de le faire. Il n'a pas précisé sur quoi il voulait bosser. Ce sera la surprise.
Mais c'est sûr que c’est un sacré bonhomme et je vous invite à voir TOUS ces films. Vous serez surpris par ce cinéaste hors du commun, sensible et attachant.
Bref, une après-midi comme on en aimerait en avoir plus souvent avec quelqu'un qui a su faire partager son amour du cinéma, sans forfanterie, sans grosse tête.
Chef de produit thé nature chez Lippetonne and cie
- Marcelline
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Re: BlaBla
Merci pour ce CR.
- JMB
- Récolte de Printemps
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Re: BlaBla
Marcelline a écrit :Merci pour ce CR.
De rien... et ça m'a permis de ranger tout cela qui allait forcément se perdre dans ma petite tête
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- Kyara
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Re: BlaBla
Marcelline a écrit :Merci pour ce CR.
“Il faut s’étonner d’une certitude d’avantage que de l’inconnu, frais et limpide comme l’eau du monde” F. Jacquemin
- vincent F
- Moine
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Re: BlaBla
merci JMB pour le CR, un de mes cinéastes asiatiques contemporains préférés.
En passant, on doit à WKW d'avoir fait le Wuxia (grosso modo, histoire de cape et d'épée pour ceux qui ne sont pas familiers) le plus singulier des vingts dernières années : "Les cendres du temps", je le conseille surtout à ceux qui n'aime pas ce genre, parce qu'il en utilise les codes en les mettant sans dessus -dessous, très beau, très intéressant.
En passant, on doit à WKW d'avoir fait le Wuxia (grosso modo, histoire de cape et d'épée pour ceux qui ne sont pas familiers) le plus singulier des vingts dernières années : "Les cendres du temps", je le conseille surtout à ceux qui n'aime pas ce genre, parce qu'il en utilise les codes en les mettant sans dessus -dessous, très beau, très intéressant.
- JMB
- Récolte de Printemps
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Re: BlaBla
Ma théorie sur Maggie ne tient pas... j'avais en tête la chanteuse Faye Wong... Donc le truc est de trouver où donc WKW fait taire Maggie Cheung pour ne la faire que bouger.
Dommage, ma théorie me plaisait bien. WKW a dû se tromper...
C'est sûr, il s'est trompé...
Mais ça arrive, je ne lui en veux pas.
Il faut que je revisionne "les cendres du temps".
Dommage, ma théorie me plaisait bien. WKW a dû se tromper...
C'est sûr, il s'est trompé...
Mais ça arrive, je ne lui en veux pas.
Il faut que je revisionne "les cendres du temps".
Chef de produit thé nature chez Lippetonne and cie
- treeman
- Shōgun
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Re: BlaBla
Excellent, Merci beaucoup pour ce retour !!
je te jalouse pour être grand fan de ses films depuis ses débuts !
Et Christopher Doyle, qui est australien, un chef op incroyable qui m'a beaucoup influencé.
Son long métrage, Away With Words est un sacré voyage foutraque à l'image du monsieur. Il était ivre sur le tournage la plupart du temps. Et son générique de fin se termine par "Beer is Life".
^^
je te jalouse pour être grand fan de ses films depuis ses débuts !
Et Christopher Doyle, qui est australien, un chef op incroyable qui m'a beaucoup influencé.
Son long métrage, Away With Words est un sacré voyage foutraque à l'image du monsieur. Il était ivre sur le tournage la plupart du temps. Et son générique de fin se termine par "Beer is Life".
^^
- treeman
- Shōgun
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- Localisation : Brest
Re: BlaBla
A Cannes, une année, on a dû intervertir la séance de Clean (O. Assayas, très bon film d'ailleurs) parce que la copie du film (2046 ou In the Mood for love, je n'ai plus le souvenir) n'était pas arrivée.
C'est 2046, une amie travaillait dessus, je me souviens très bien du chaos de fin de post production qu'elle me racontait ^^
- Gaiwawan
- Bushi
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Re: BlaBla
Si je peux me permettre, Allocine a aussi fait un retour sur cette Master Class : http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18668144.html
- David
- Chasen
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- Inscription : 02 Mar. 2013
- Localisation : Bruz
Re: BlaBla
Excellent ! Merci beaucoup. J'ai vu qu'il y avait aussi Bertrand Tavernier aussi à la remise des prix. C'est un des mes cinéastes français préférés.
- Niva
- Jeune Plant
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- Inscription : 11 Feb. 2014
- Localisation : Moselle / Luxembourg
Re: BlaBla
Sympa, ces idées de mini-jardins en théière! Et pas compliqué à faire soi-même en plus
Proverbe touareg :
"Le premier verre de thé est amer comme la vie.
Le deuxième est aussi doux que l’amour.
Le troisième est aussi apaisant que la mort."
"Le premier verre de thé est amer comme la vie.
Le deuxième est aussi doux que l’amour.
Le troisième est aussi apaisant que la mort."