Votre Wulong du jour

[olivierd]

Tu les fais en théière ? Je trouve qu'un gaiwan permet une meilleure ouverture des feuilles et de conserver plus d'arômes, non ?
Jolie théière en tout cas. C'était quel gaoshan ?

[emmanuel]

Oui, je les fais en théière. Pas de problème d'ouverture des feuilles lorsque la théière est bien chaude et la verse bien orientée.

Je ne trouve pas que le thé perde en arômes avec cette théière hong ni. Par contre il gagne en densité vs la porcelaine.

Le thé est un excellent Fu Shou Shan, acheté en 2018 à Tsai Yizhe à Taïwan, et conservé sous vide dans son sachet d'origine jusqu'à cette année. Toujours aussi frais.

[emmanuel]

Je ne trouve pas que le thé perde en arômes avec cette théière hong ni. Par contre il gagne en densité vs la porcelaine.

Je souhaiterais préciser ma pensée sur ce point.

Il est possible que cette théière masque certains éléments aromatiques par rapport au gaiwan en porcelaine. Par contre elle en éclaire d'autres, elle apporte un peu de structure et elle accentue le qi.

Nous préparons tous avec les mêmes feuilles des thés qui peuvent être radicalement différents. Et c'est heureux. Ce qui est important est de s'efforcer à préparer au mieux le thé selon notre référentiel, nos critères propres (qui peuvent varier selon les saisons, le temps ou l'envie du moment).

Je n'aime pas tellement les thés opulents et démonstratifs du point de vue des arômes ou des saveurs. Je les préfère discrets, pastels, mais structurés, profonds et énergiques. Dans un gao shan "vert", je ne vais par exemple pas rechercher l'explosion florale qui aura tendance à m'écoeurer après deux tasses.

[Lionel]

Superbe photo Emmanuel et belle expression de ta façon d'appréhender et d'apprécier tes thés...

[olivierd]

C'est une approche intéressante, plutôt hédoniste, esthétique et décalée de l'approche qu'on pourrait appeler réaliste ou simplement technique.
Les thés ont un profil donné, parfois dérangé par des notes parasites : l'amertume prononcée, l'astringence, la torréfaction, l'humidité, etc... Les ustensiles sélectionnés serviraient à dissiper ces désagréments pour apprécier les arômes, textures, etc.. tels qu'ils sont. C'est un peu la recherche du Graal si on n'y prend pas garde. Mais j'ai l'impression qu'en restant modéré, c'est aussi une manière de trouver un équilibre au thé, même si c'est au risque de figer les possibilités. Clairement, chacun selon "ses propres critères", encore une fois les tiens sont intéressants. Bons thés.

[emmanuel]

Je n'ai pas l'impression que mon approche soit simplement hédoniste ou esthétique. Elle est aussi technique, même si clairement plus poétique (poiesis vs techne) et introspective lors de la dégustation.
Bon thés également .

[olivierd]

Je n'ai pas l'impression que mon approche soit simplement hédoniste ou esthétique. Elle est aussi technique, même si clairement plus poétique (poiesis vs techne) et introspective lors de la dégustation.
Bon thés également .

Disons alors qu'elle est moins convenue.
Ce n'est pas qu'elle ne soit pas technique dans la maitrise, mais plutôt dans le but. Dison aussi qu'il ne s'agit pas d'extraire le plus du thé (équilibré bien sûr) mais le mieux subjectif, c'est le sens de mon commentaire.

[emmanuel]

Qu'appelles-tu extraire le plus du thé ? Comment cette démarche s'inscrit-elle en dehors de toute subjectivité ?

Si un ustensile te fait gagner quelques notes de tête par rapport à un autre, mais au détriment de la gorge, de la texture et du qi, comment arbitrer objectivement? Que serait ici extraire le plus du thé ?

On peut par la technique extraire du thé plus de texture, plus d'intensité dans les arômes et les saveurs, mettre en valeur certaines notes, faire plus d'infusions (travailler la patience), accentuer la gorge, booster le qi, vouloir que le thé se déploie d'une façon ou d'une autre en bouche etc... Le paramétrage dépendra de la personnalité de chacun, et le thé sera le reflet de cette personnalité à un instant donné (si les choix sont conscients et maitrisés).

Il n'y a je crois pas de Graal à chercher. Juste une harmonie à exprimer.

[olivierd]

Qu'appelles-tu extraire le plus du thé ? Comment cette démarche s'inscrit-elle en dehors de toute subjectivité ?

Si un ustensile te fait gagner quelques notes de tête par rapport à un autre, mais au détriment de la gorge, de la texture et du qi, comment arbitrer objectivement? Que serait ici extraire le plus du thé ?

On peut par la technique extraire du thé plus de texture, plus d'intensité dans les arômes et les saveurs, mettre en valeur certaines notes, faire plus d'infusions (travailler la patience), accentuer la gorge, booster le qi, vouloir que le thé se déploie d'une façon ou d'une autre en bouche etc... Le paramétrage dépendra de la personnalité de chacun, et le thé sera le reflet de cette personnalité à un instant donné (si les choix sont conscients et maitrisés).

Il n'y a je crois pas de Graal à chercher. Juste une harmonie à exprimer.

Sur le plan conceptuel, tu as raison (bien qu'il ne s'agisse pas d'être d'accord ou pas, ou d'avoir raison ou pas).
Mon éduction est essentiellement celle du Chanoyu, ou si on en reste au thé en tant que boisson, il est nécessairement partagé. Et selon la tradition "le thé est bon", autrement dit l'invité doit avoir un thé gustativement satisfaisant pour permettre de déployer les principes du Chanoyu. Les chawan "traditionnels" (Raku, Karatsu, Hagi et marginalement Tenmoku) ont une influence relativement faible sur le thé.
En thé chinois ou taiwanais ou Sencha, on s'applique souvent à un rendu qui convient à celui qui le prépare et la palette d'ustensiles est large, donc le résultat l'est. Mais, le thé est aussi très souvent partagé. Et là ça interroge : un bon thé c'est quoi ? Il faut "plus" de quoi et moins de "quoi". Il faut plus d'harmonie qui s'exprime, c'est ok, je te rejoins. Mais cette harmonie, elle se développe comment gustativement. Selon soi, et/ou celui qui participe à la dégustation ? Si je caricature les enfants détestent en majorité l'amertume et adore le sucre (vive MacDo). Donc je sucre quand je sers des enfants ?
De nouveau, et pour simplifier, tu as raison ! La préparation est subjective, et personne ne boira un shu chez moi : je n'en fais pas ; plus subjectif, c'est impossible. Mais si je dois chercher une harmonie ou plus prosaiquement un équilibre, j'ai peut-être naivement (mais aussi par expérience) le sentiment qu'il existe un point d'équilibre relativement consensuel arome/corps/persistance (je laisse le qi de côté volontairement).
Concrètement, ça se traduit par le fait de tester en gaiwan, et selon le rendu de choisir un autre gaiwan, une théière/kyusu ou une autre jusqu'à obtenir en premier lieu l'effacement des notes superficielles désagréables et ensuite trouver une infusion qui développe du nez et des arômes, des saveurs, le corps qui correspondent au profil du thé (un gyokuro sans corps c'est un problème, un TGY amer ça me choque, un yancha vert idem), et de la persistance bien que ce soit moins modulable.
Bien que la préparation soit dans une mesure subjective, je crois (sans vérité absolue) que le thé a un profil, et qu'un "bon thé" c'est essentiellement faire ressortir ce profil dans une recherche d'un équilibre qui est plus tourné vers éliminer ce qui est inhérent à sa fabrication (torréfaction, stockage, amertume, etc...) que vers l'accentuation d'une facette.
Très plaisante et instructive cette discussion, merci.

[emmanuel]

Assez en ligne avec ce que tu écris.

S'il y a des critères objectifs permettant d'évaluer un thé, l'adjectif "bon" induit néanmoins forcément une dose de subjectivité.

Une expérience interessante à réaliser avec nos amis de thés. Infuser les mêmes feuilles, simultanément:

1) la première fois en laissant à chacun le choix des armes.
2 la seconde avec exactement le même teaware (gaiwans identiques, tasses, bouilloire), la même eau etc.

Et comparer.

Les thés seront probablement tous bons, mais différents, même dans le deuxième cas. Il y a une infinité de manières d'exprimer un même thé, et c'est autour du "point d'équilibre" (ou des points d'équilibre), et tout en préservant son "profil", que tout se joue. Parfois très subtilement.

Comme tu le dis très bien, il ne s'agit pas ici d'avoir raison ou tort, mais d'exprimer notre ressenti et notre façon d'appréhender le thé

[Elise]

@emmanuel, l’expérience que tu proposes avec le même thé et chacun ses armes a été réalisée par une partie des membres ici, et justement avec deux wulong. C’était il y a déjà deux ans et tu peux en retrouver une trace ici avec des retours enthousiastes: http://www.forumdesamateursdethe.fr/viewtopic.php?f=132&t=2562

[SucreJog]

Un DC laocongdongfanghong 2021 dans un nouveau teaware de David Louveau.
Le gaiwan est très fin, avec de nombreux effets de cendre, j'aime beaucoup.
La tasse a été cuite 2 fois, un peu grande pour gaïwan mais je saurais quoi en faire

[Gaiwawan]

Beau gaiwan et je suis sûr que, malgré leur qualité, les photos ne lui rendent pas justice. C'est sa dernière fournée ?
Entre le pied épais qui protège les doigts, le gros bouton pour le pouce, l'angle de bloquage du couvercle, la finesse de la lèvre, il a l'air top à l'usage !

[SucreJog]

Beau gaiwan et je suis sûr que, malgré leur qualité, les photos ne lui rendent pas justice. C'est sa dernière fournée ?

Précisément, ce gaïwan esttrès difficile a photographier, de surcroit dans ces conditions.
Je ne sais pas de quand est issu le gaïwan, mais pas de la dernière fournée et il en a fait que quelques uns comme ça.
La tasse est issue de 2 fournées du début d'années du début de l'année je crois.
Mais j'ai reçu d'autres pièces issues de la dernière fournée

[Lionel]

Joli ensemble !
Le gaiwan semble pouvoir contenir peu de feuilles...

Place maintenant aux pièces de la dernière fournée !